Three monkeys

NFC : la traçabilité est-elle mal vue dans la filière vin ?

David BECK Academic - Economics, Society and Political science - Environment and Technologies (AI, blockchain)

Plusieurs sociétés spécialisées dans la traçabilité physique et la protection proposent l’utilisation de QR codes intelligents propriétaires brevetés…


Dans cette série d’articles, j’essaie de comprendre les implications des thèmes liés à la traçabilité (chapitre 1), à la transparence (chapitre 2) et à la décentralisation (chapitre 3). Ces thèmes peuvent être considérés comme antonymes de l’industrie du vin.
Dans le premier chapitre, j’analyse la relation entre les producteurs de vin et les consommateurs par le biais de la traçabilité. Il est divisé en six articles. Voici le deuxième article du chapitre 1. Dans le deuxième chapitre, j’examine les effets que la transparence pourrait avoir sur la chaîne d’approvisionnement du vin. Dans le dernier chapitre, je me demande si la décentralisation pourrait être le futur de la filière vin.

J’ai eu le plaisir d’interviewer 40 acteurs majeurs des secteurs du vin et de la technologie (triés par ordre alphabétique) :
AVEC DES REPRÉSENTANTS
Paul Bounaud, Directeur Community Engagement France / Responsable Pôle Agriculture, Alimentation, Cosmétique, Distribution chez GS1
Gilles Brianceau, Directeur d’Inno’Vin
Pierre Gernelle, Directeur Général de la Fédération des Négociants-Producteurs de Grande Bourgogne
Eric Lamaille, Chef de Service du Syndicat des Vignerons de Champagne
Ignacio Sánchez Recarte, Secrétaire Général du CEEV (Comités Vins)

AVEC DES EXPERTS TECH
Franck Bourrières Directeur des Ventes & Marketing de Prooftag
Sylvie Busca Cofondatrice et PDG de Wine in Block
Stefan Gendreau, Fondateur Associé d’Augmented Reality Wine labels
Gavin Ger, PDG Adjoint et Directeur Commercial de Laava
Damien Guille, Directeur Global Business Development de Scribos
Maxime Le Coutaller Responsable Commercial de NutriLabel by ATT
Alexandre Mongrenier, Président & CEO de WID Group
Nicolas Moulin, Fondateur et PDG de La Vie Du Vin
Jémérie Pappo Innovation Manager d’Hub One
Jérôme Pichot, PDG d’Advanced Track & Trace (ATT)
Niko Polvinen, Cofondateur et PDG de Logmore
Sebastian Schier Directeur Général de VinID


DYNAMIC SMART QR CODES – Information pour les consommateurs et localisation pour les producteurs (contre les marchés gris et la contrefaçon)

Il existe deux types de codes QR : les codes statiques et les codes dynamiques.

Les codes QR statiques sont généralement attribués à une adresse qui ne change pas. Les codes QR dynamiques (ou intelligents) permettent à leurs propriétaires de modifier l’adresse de destination du code (sans avoir à le réimprimer) pour s’adapter à de nouvelles campagnes, à de nouveaux sites web, etc. En principe, dans tous les contextes où la possibilité d’ajustement en cours de route est bénéfique, les codes QR dynamiques constituent une option solide.

Les codes QR dynamiques peuvent contenir de nombreuses URL différentes par code QR, ce qui permet de localiser le contenu pour différentes zones géographiques ou de le personnaliser pour des personas spécifiques. Les codes QR dynamiques sont plus efficaces pour les organisations qui doivent fréquemment modifier leur message ou créer de nouvelles campagnes.

Plusieurs entreprises spécialisées dans la traçabilité physique et la protection proposent l’utilisation de codes QR intelligents brevetés pour lutter contre la contrefaçon et le marché gris des vins (réexportations non prévues par le producteur). Les solutions proposées sont de deux types en fonction des besoins du viticulteur :

1. Un code QR intelligent apposé sur l’étiquette. Lorsque les forces de l’ordre ou le consommateur le scannent, ils reçoivent une confirmation de l’authenticité.

2. Un code QR intelligent apposé sur la pâte à vis pour éviter le remplissage. Lors de l’ouverture, le code QR tel qu’il est apposé est bloqué et donc illisible.

CAS D'USAGE 4 - U-Label, une plateforme de code QR par le CEEV Comité Vins
Le CEEV a été l'un des pionniers dans le développement d'une plateforme numérique (www.u-label.com) permettant aux entreprises de publier des informations pertinentes sur leurs produits dans une plateforme sécurisée, et aux consommateurs d'y avoir accès via un code QR.
La plateforme permet pour l'instant la création de labels électroniques pour les vins, les produits vinicoles aromatisés et les boissons spiritueuses. Elle est ouverte à tous les producteurs, aux entreprises de l'UE et des pays tiers, qu'ils soient ou non associés au CEEV. U-label offre une expertise juridique, une traduction automatique dans toutes les langues officielles de l'UE, et génère une URL où toutes les informations sont publiées ainsi qu'un QR-code pour relier la bouteille et le label électronique.
Les étiquettes électroniques générées par U-label comprennent des informations sur l'identification du produit (nom et image), la liste des ingrédients, la déclaration nutritionnelle et les messages de consommation responsable. Les entreprises peuvent également inclure d'autres allégations réglementées par la législation européenne (variétés, année de récolte…) et des informations sur la durabilité du produit, telles que des certificats. Les informations commerciales demandées par le législateur européen ne doivent pas figurer sur les étiquettes électroniques.
Les entreprises peuvent inclure toutes les informations sur leur produit dans une seule langue et la plateforme les traduira automatiquement dans les 23 autres langues officielles de l'UE", explique Ignacio Sánchez Recarte.
Le CEEV a conçu le label U pour qu'il fasse partie d'un environnement de données unique et pour éviter les erreurs ou la ressaisie d'informations. Ignacio Sánchez Recarte souhaite que la plateforme fasse partie du "sandwich numérique" composé de plusieurs couches :
- La couche réglementaire, traitée par U-label (sur base de l'expertise du CEEV).
- La couche technique de traçabilité avec, par exemple, la technologie de la société Scribos.
- La couche d'information sur le recyclage, développée par Giunko.

Le Dr Sánchez Recarte précise que d’autres couches viendront s’ajouter au sandwich numérique grâce à l’interconnexion d’autres bases de données.
Pour ce faire, il est important que toutes les bases de données “parlent le même langage”, d’où le rôle de la standardisation effectuée par GS1.

Les syndicats viticoles partagent la mise en place de solutions pour les petits producteurs. Ils peuvent passer des commandes de manière indépendante pour différents produits.

Damien Guille, Directeur Global Business Development de Scribos

J’ai donc eu des informations complémentaires, j’ai pu participer à un webminar, j’ai reçu de la documentation de nos amis espagnols. La FEV, une organisation privée qui représente l’industrie vinicole espagnole (la FEV est membre du CEEV), a produit des documents et des vidéos très didactiques. Ils ont montré les avantages de l’utilisation de la plateforme u-label. J’ai même bénéficié de tarifs préférentiels pour l’utilisation de u-label si je devenais membre de la FEV.

Il n’y a aucune obligation d’utiliser u-label.com (voici une autre plateforme). Les producteurs de vin peuvent travailler avec leurs fournisseurs habituels de traçabilité/étiquetage tant qu’ils respectent la fourniture d’informations obligatoires aux consommateurs, comme le stipule le règlement (UE) 2021/2117.

Avec le QR Code, il peut y avoir des problèmes de lecture lorsque le QR Code est plié ou s’il n’y a pas assez de lumière.

Alexandre Mongrenier, Président & CEO de WID Group

Plusieurs sociétés spécialisées dans la traçabilité physique et la protection proposent l’utilisation de codes QR brevetés et propriétaires pour lutter contre la contrefaçon et le marché gris des vins (réexportations non prévues par le producteur). Les solutions proposées sont de deux types en fonction des besoins du viticulteur :

1. Un code QR intelligent apposé sur l’étiquette. Lorsque les forces de l’ordre ou le consommateur le scannent, ils reçoivent une confirmation de l’authenticité.

2. Un code QR intelligent apposé sur la pâte à vis pour éviter le remplissage. Lors de l’ouverture, le code QR tel qu’il est apposé se bloque et devient donc illisible.

Mais qui sait quel producteur utilise quelle méthode ? Aucun vigneron ne communique vraiment sur ce thème. Imaginons que je crée une marque de champagne : si j’appose un QR code intelligent en fonction du pas de vis, le consommateur doit savoir que le seul moyen d’être sûr qu’il s’agit d’un vrai champagne et non d’une contrefaçon, c’est d’être informé au moins sur mon site web. C’est là que nous entrons dans les discussions interminables sur le sujet.

Imaginons que je mette en place cette technologie à partir du millésime 2000, sans dire que les millésimes précédents ne sont pas protégés, donc potentiellement les consommateurs goûtent une contrefaçon. Le caractère festif de la consommation de champagne fait que l’on ouvre parfois trop rapidement la bouteille alors que l’on aurait aimé avoir quelques informations – un test que j’avais prévu de faire pour les besoins de cet article.

Le QR Code intelligent se trouve sur le bouchon et non sur l’étiquette une fois la bouteille ouverte, il n’est donc pas possible de le scanner pour lire des informations sur le vin dégusté. Le taux de lecture est déjà très faible, mais les possibilités d’engagement du client sont réduites. Rappelons que l’objectif principal du Syndicat est de préserver le nom Champagne (lutte contre la contrefaçon) et d’être fiscalement conforme en remplaçant une simple étiquette par un outil numérique plus moderne combinant une seconde fonction au lieu d’une simple capsule en plastique et aluminium, qui recouvre le bouchon retenu par un fil.

U-Label : cela fonctionnera peut-être. J’ai des doutes lorsque de telles solutions viennent des institutions.

Gilles Brianceau, Directeur d’Inno’Vin

IoT (Internet des objets) – Authentification pour les consommateurs + Géolocalisation et détection pour les producteurs

Les dispositifs peuvent être utilisés pour suivre l’évolution sensorielle (température, humidité, lumière, déplacements), pour tracer les marchés gris (réexportation) et pour lutter contre la contrefaçon.

La NFC offre un grand potentiel, en particulier dans le domaine de la consommation. En outre, la NFC est l’une des technologies clés qui rend possible l’internet des objets et permet aux objets de communiquer avec une puce. La NFC nécessite généralement une distance de 15 cm ou moins pour établir une connexion.

La RFID est également une technologie importante dans les domaines de la logistique, de la production et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Les étiquettes RFID peuvent être utilisées pour stocker des numéros de produits, des noms ou des dates d’expiration. Avec les lecteurs adéquats, ces informations peuvent être lues simultanément sur une centaine de produits à des distances de plusieurs mètres. Toutefois, comme il s’agit de technologies standard disponibles dans le monde entier, leur utilisation comme moyen de vérification pour la protection des marques exige qu’elles soient associées à des caractéristiques d’authenticité visuelle qui fonctionnent à tout moment sans lecteur ni connexion internet et qui peuvent être vérifiées par tout groupe d’utilisateurs concerné (douanes, commerce de détail, consommateurs).

Daniel Seseña, consultant chez Minsait, qui travaille sur les tendances numériques pour l’OIV, a déclaré :
“Je pense que l’adoption des technologies numériques sera asymétrique dans les trois domaines clés (champ, usine, distribution) en fonction du profil de l’entreprise. Dans les petites entreprises centrées sur la valeur du produit, l’adoption des technologies numériques se concentrera sur celles qui favorisent la traçabilité (garantie de l’origine de leur produit) ou la qualité (prévision des récoltes, moment de la récolte, etc.).
Pour leur part, les grandes entreprises combineront les technologies ci-dessus avec celles qui rendent le processus de production (maturation et mise en bouteille) de leurs vins plus efficace.
Les caves continueront à conserver leur aspect classique (tradition), mais elles intégreront implicitement la numérisation, en incorporant des éléments sensoriels et analytiques avancés qui amélioreront le contrôle de la qualité et de l’efficacité de l’ensemble du processus vinicole.”

Capteurs IoT pour l’industrie vitivinicole – par l’OIV

Le secteur de la vigne et du vin se tourne vers l’IoT. La révolution technologique touche tous les secteurs et il n’était pas question de la laisser en marge d’un domaine aussi traditionnel et avant-gardiste que le monde du vin.

Extrait du rapport de l’OIV sur la digitalisation :

L’internet des objets (ci-après, l’IoT) décrit le réseau d’objets physiques qui intègrent des capteurs, des logiciels et d’autres technologies afin de se connecter et d’échanger des données avec d’autres appareils et systèmes sur l’internet. Ces dispositifs vont des objets ménagers courants aux outils industriels sophistiqués.

Certains des différents composants qui, il y a quelques années, étaient trop chers pour de nombreuses petites et moyennes entreprises vinicoles, sont désormais plus abordables, tandis que les systèmes sont plus faciles à installer, à gérer et à entretenir.

Les domaines physique et numérique travaillent main dans la main et coopèrent l’un avec l’autre :

Ces dernières années, l’IoT est devenu l’une des technologies les plus importantes du 21e siècle. Les objets de tous les jours peuvent désormais être connectés à l’internet à l’aide de dispositifs, permettant la communication entre les personnes, les processus et les objets grâce aux technologies mobiles et l’exploitation de données volumineuses (big data) grâce à l’informatique à faible coût, à l’analyse avancée et au cloud. Dans un monde hyperconnecté, les systèmes numériques peuvent enregistrer, surveiller et ajuster chaque interaction entre les objets connectés.

Des solutions avancées qui intègrent des informations physiques (capteurs) et logiques (systèmes informatiques) pour améliorer la visibilité des opérations dans les vignobles et les usines de production de vin :

  • Collecte et visualisation en temps réel des mesures clés des processus de production
  • Processus
  • Suivi détaillé de la chaîne d’approvisionnement
  • Entrepôts : détection des ruptures de stock réelles et prévues à l’aide de la vision par ordinateur et sur la base des ordres de production
  • Transport : état des expéditions du vignoble à la cave et de la cave à la distribution
  • Tableaux de bord et génération d’alarmes en cas d’écarts.

Les applications IoT peuvent être classées en fonction de leur place dans la chaîne de valeur :

Vignoble — La plupart des capteurs et de l’imagerie satellite actuellement utilisés dans les vignobles se concentrent sur le contrôle de la qualité des vignes et les aspects météorologiques. Il existe également de nombreuses applications grâce à la combinaison de technologies telles que les drones et les images infrarouges et multispectrales pour la lutte contre les parasites dans le vignoble.

Une autre application de l’IoT consiste à rendre le secteur plus durable et régénératif en optimisant l’utilisation de l’eau, en éliminant les pesticides et en mesurant la qualité du sol.

Producteur — Contrôler en temps réel tous les paramètres importants pour un processus de vinification correct. Les viticulteurs demandent aujourd’hui des systèmes en ligne basés sur des capteurs pour évaluer le processus de fermentation sans avoir besoin d’installations de laboratoire.

Les capteurs peuvent être utilisés dans les caves à vin pour surveiller le vieillissement du vin, notamment les facteurs clés que sont la température, la lumière et l’humidité. La température est particulièrement importante, car les moindres fluctuations peuvent modifier l’oxydation du vin et donc en affecter considérablement la qualité.

De nombreuses caves combinent déjà les données des capteurs (humidité, température, conductivité du sol et qualité de la vigne) et l’imagerie satellite pour surveiller en temps réel les facteurs environnementaux clés de la récolte.

Distribution — L’IoT présente également des avantages considérables lorsqu’il s’agit d’améliorer la logistique pour accroître l’efficacité et réduire les coûts. Il s’agit par exemple de systèmes de gestion du transport pour contrôler et optimiser tous les flux logistiques de l’entreprise ou de solutions de vision par ordinateur pour contrôler les flux entrants et les mouvements dans l’usine des transporteurs de matières premières et de produits finis.

Traçabilité complète de la chaîne de valeur : visibilité sur les processus, génération d’alarmes précoces en cas de déviations et traçabilité des matériaux (traçabilité des produits en cours de fabrication au sein de l’usine, traçabilité unitaire du produit final par RFID et assurance qualité du vin aux clients grâce aux technologies blockchain).

Il existe des technologies de capteurs et des méthodes de surveillance du processus susceptibles d’améliorer la qualité du vin et de réduire les coûts. Les systèmes de vision industrielle sont utilisés dans les processus d’embouteillage, de bouchage et d’étiquetage pour respecter les normes de qualité – tout comme les systèmes de planification des ordres de production, les systèmes d’intégration et de contrôle du nombre de bouteilles passant par une ligne de production et les systèmes de contrôle des erreurs des machines.

Les systèmes de capteurs constituent déjà une part importante du processus de numérisation dans le secteur de la vigne et du vin. Ils continueront à jouer un rôle important après la mise en œuvre d’autres nouvelles technologies qui s’appuient sur des données collectées – telles que l’intelligence artificielle ou la robotique – et rendront le processus de collecte d’informations encore plus critique. La principale question est de savoir comment traiter et rendre utiles toutes ces informations. Les données seules ne valent rien si elles ne peuvent pas être correctement gérées et interprétées.

La NFC et la RFID sont toutes deux des technologies sans fil. La NFC est une sous-catégorie de la RFID. La NFC est plutôt conçue pour les systèmes nécessitant un certain niveau de sécurité (transactions financières, identification, etc.). La RFID peut fonctionner dans un périmètre de plusieurs mètres, tandis que la NFC ne fonctionne qu’à très courte distance (ce qui rend pratiquement impossible toute utilisation par inadvertance). La RFID nécessite un lecteur RFID (souvent coûteux), tandis que la NFC ne nécessite qu’un smartphone/tablette/PC compatible NFC pour lire les données.

La NFC présente un problème technique. Il y a un frein à la lecture avec un smartphone de tout ce qui est métallique et liquide, sans parler des antennes cassées.

Jérôme Pichot, PDG d’Advanced Track & Trace

Les étiquettes NFC – pour mettre fin au marché gris

Les chaînes d’approvisionnement sont inévitablement confrontées aux risques liés aux circuits de distribution du marché gris et aux produits de contrefaçon, et les étiquettes NFC sont de plus en plus utilisées pour contrer ces menaces.

Les étiquettes NFC sont de plus en plus utilisées pour contrer ces menaces. Normalement, une cave traite avec un agent exclusif dans chaque pays et répartit les vins de manière appropriée entre les différents marchés. Elle peut choisir de vendre plus à un marché qu’à un autre, ou proposer des prix spéciaux pour certains marchés. En échange de l’exclusivité, l’agent travaille dur pour vendre les vins, et même les positionner aux bons endroits.

Le marché gris est extrêmement important. Les distributeurs avaient l’habitude de proposer des vins plus anciens, mais tout d’un coup, les choses ont changé et ils ne vendent plus que des vins actuels, des “vins de bibliothèque”, des vins qui ont vieilli au domaine. Il est évident que la provenance sera parfaite, mais la marge est énorme et si vous êtes un restaurant, vous devez gagner de l’argent avec votre carte des vins.

Jamie Goodie, écrivain et chroniqueur de vin, a donné l’exemple du Domaine des Miroirs, un producteur du Jura. Le négociant en vins fins Berry Bros & Rudd a listé ces vins à 600 livres sterling la bouteille. L’agent britannique les vend au commerce à environ 30 livres sterling la bouteille. Berry Bros & Rudd n’a pas obtenu ces vins de l’agent britannique, mais d’un tiers.

NFC — Near Field Communication (communication en champ proche) est une technologie standard qui permet l’échange de données entre deux puces, dans ce cas, l’une contenue dans le téléphone mobile et l’autre dans le produit connecté (très facile à utiliser. Pas besoin de batterie).

La NFC est par définition une technologie basée sur la proximité, puisque les actions ne sont possibles que lorsque le terminal est placé à quelques centimètres de la cible. Cette contrainte technique implique une démarche volontaire de la part de l’utilisateur, ce qui rend l’activation par inadvertance quasiment impossible.

En fonction de votre localisation, celui-ci vous envoie des notifications personnelles sur les produits situés à proximité grâce à des balises. La NFC, à l’instar du téléphone, est utilisée pour faciliter une session de communication individuelle, orientée vers les données, entre une personne et un objet ou entre deux individus équipés de NFC.

La NFC permet la lecture passive de la carte (par exemple par un tag contenant une puce NFC), sans ressource énergétique. La puce est rechargée par induction magnétique lorsqu’elle entre en contact avec le téléphone lors du balayage. La puce pourrait durer au moins 20 ans sans que les informations qui y sont stockées ne soient altérées.

Le remplissage et la revente de ces bouteilles sont devenus une fraude courante sur les vieux millésimes et un danger pour votre réputation. Il est donc nécessaire de sceller vos capsules pour empêcher toute tentative de remplissage.

Il existe un code du silence dans l’industrie du vin.

Bill Koch, collectionneur de vin milliardaire, qui a mené les poursuites contre Rudy Kurniawan alias Dr. Conti

CAS D'USAGE 5 - Vin fin avec capsule intégrée dotée d'une étiquette NFC inviolable
Comment se fait-il que le milliardaire Bill Koch, collectionneur de vins, ait pu dépenser 2,1 millions de dollars pour 219 bouteilles de ce qui s'est avéré être du vin de table ? C'est en partie parce que ses inestimables millésimes de Bordeaux et de Bourgogne avaient été habilement truqués dans la cuisine de l'escroc Rudy Kurniawan, à l'aide de véritables bouteilles vides, de bouchons originaux et d'étiquettes méticuleusement réimprimées. C'est aussi parce qu'il est difficile d'établir la provenance, et a fortiori le prix, d'un bien qui reste invisible pendant des décennies, si l'on ne dispose que de quelques bouteilles débouchées et d'ouvrages de référence sur les vieilles étiquettes.
Du côté américain, c'est Bill Koch, frère de Charles et David qui dirigent Koch Industries et font partie d'une vaste dynastie pétrolière et gazière, qui a mené la chasse. "Je déteste qu'on me trompe", explique-t-il. "Il y a un code du silence dans l'industrie du vin - je n'allais pas l'accepter. Avec les vins très fins, on peut sentir l'amour que le vigneron a mis à les produire, et pour moi, c'est presque une expérience religieuse. Nous, les collectionneurs, nous aimons les choses précieuses.
Avec le temps, cependant, des divergences sont apparues sur le marché. Des bouteilles de Clos St Denis du Domaine Ponsot, dont les millésimes se situent entre 1945 et 1971, ont commencé à apparaître. Laurent Ponsot, le chef de la maison, s'en étonne, car sa famille n'a commencé à produire ce vin qu'en 1982. Il se lance dans une enquête. Laurent Ponsot a joué un rôle essentiel dans la découverte du Kurniawan. Contrairement à de nombreux membres de la communauté viticole, il ne se prend pas trop au sérieux. Au-dessus d'une barbe grise et noire bien entretenue, ses yeux brillent d'un éclat gaulois. Il réserve le sérieux au concept de Bourgogne. "Les contrefaçons sont comme une saleté sur le nom de la Bourgogne", dit-il. "Je voulais m'en débarrasser.
En plus de perpétuer une tradition viticole d'excellence, Laurent Ponsot le vigneron est en effet un geek de la technologie. Un pionnier et un geek qui met ses innovations et ses recherches au service de la nature. Il a été le premier au monde à éditer un site internet sur le vin en 1989 et le créateur du bouchon idéal après 20 ans de recherche.
Laurent Ponsot recherchait une solution capable de détecter des méthodes frauduleuses complexes telles que le remplissage de la bouteille ou l'utilisation d'une fausse bouteille. Laurent Ponsot a choisi une capsule intégrée avec un tag NFC inviolable, fruit d'un partenariat exclusif entre Selinko (producteur de tags NFC) and Amcor (société d'emballage).

80% des bourgognes prétendument antérieurs à 1980 sont des contrefaçons.

Laurent Ponsot, Domaine Ponsot — The Guardian — Sept. 2016

Pour savoir si un produit portant une étiquette NFC est authentique, il faut d’abord s’assurer que l’étiquette NFC elle-même est authentique, qu’elle n’est pas endommagée et qu’elle est digne de confiance.

Lorsqu’un smartphone compatible NFC est approché de la puce NFC d’un produit, un site web s’ouvre et les clients sont guidés pas à pas dans le processus de vérification de l’authenticité. L’identifiant de l’étiquette est déjà transmis par NFC lorsque le site web est ouvert. Le système recherche automatiquement le produit de la marque et confirme sa conformité.

Les producteurs attendent une bonne communication de la part de leurs distributeurs, qui ne se contentent pas de commercialiser leurs produits à n’importe qui. Nous offrons un statut de stock, de circulation et de consommation.

Alexandre Mongrenier, président-directeur général de WID Group

CAS D'USAGE 6 - si nous vendons des bouteilles à Madrid et qu'elles finissent toutes à New York, il y a un problème !
Selosse, Egly-Ouriet et Lamardier-Bernier sont, comme on dit en Champagne, la sainte trinité des grands producteurs. Ils ont été parmi les premiers à élaborer un champagne de vigneron dans la région, inspiré de la Bourgogne. Ces visionnaires ont atteint en 10 ans le statut, avec d'autres depuis, des figures cultes les plus emblématiques de la Champagne.
"Nous avons des problèmes de spéculation avec des prix aberrants. Nous faisons pression sur nos distributeurs pour leur dire de faire attention, mais cela ne suffit pas", a déclaré Guillaume Selosse.
"Si une bouteille part à Singapour, en Australie, à Londres, qu'elle est vendue à un prix très élevé et qu'au final, elle n'est pas bonne parce qu'elle a été stockée d'une mauvaise manière, c'est nous qui recevons des plaintes."
La famille Selosse est également gênée de voir sa production vendue à un prix bien plus élevé que le prix d'origine. Le phénomène peut conduire à de véritables ruptures de stock. "L'année dernière, un acheteur a vidé les stocks européens pour revendre tous nos champagnes à Londres, faisant flamber les prix", raconte Anselme Selosse. "Il est de notre responsabilité de pouvoir suivre ces bouteilles et d'éviter d'alimenter ce marché de la revente [marché secondaire]."
La solution était donc une petite puce cachée sous l'étiquette. Anselme Selosse et son fils ont choisi la solution NFC de WID Group.
Ils ont commencé à mettre en place ce système début avril 2002 sur leurs 60 000 bouteilles.
"Nous avons rassuré nos distributeurs qui pensaient que nous allions nous emparer de leurs fichiers clients. Nous ne verrons pas qui a acheté notre bouteille, juste un numéro de série", explique Guillaume Selosse. "Si nous vendons des bouteilles à Madrid et qu'elles se retrouvent toutes à New York dans une vente aux enchères, il y a un problème", ajoute Anselme. Les revendeurs qui ne sont pas assez attentifs au profil de leurs acheteurs pourraient perdre leurs allocations.
La puce est invisible comme un traceur GPS qui contient des informations de base : origine, acheteur, localisation… La puce n'émet pas de signal GPS en permanence, la durée de vie d'une bouteille étant trop longue pour qu'une pile puisse tenir. Elle n'est activée que lorsqu'un lecteur est utilisé dessus, comme un smartphone.
“Nous encourageons les distributeurs à accroître leur traçabilité vers le vigneron. En scannant toutes les bouteilles qu'ils reçoivent, ils montrent leur bonne volonté. Pour les consommateurs, c'est plus aléatoire, c'est pourquoi nous ajoutons des informations importantes sur la puce comme la date de dégorgement", précise Guillaume Selosse.

Au début, les grands noms avec lesquels nous travaillons ont un peu caché cette technologie, mais aujourd’hui elle est assumée”, a déclaré Alexandre Mongrenier, PDG de WID Group.
L’interview des Selosse a été réalisée par Maxime Mascoli, journaliste à L’Union..

51 distributeurs de 37 marchés utilisent notre technologie de lecture de masse NFC

Alexandre Mongrenier, président-directeur général de WID Group

On peut se demander pourquoi la famille Selosse utilise une puce NFC et non le QR code cloé, développé par la société Advanced Track & Trace avec le Syndicat des Vingerons de Champagne. J’ai évidemment posé cette question aux dirigeants des deux entités. Leur réponse est évidente. Le Champagne Selosse, de par son statut, est l’un des premiers champagnes au monde. La question du suivi de la filière est une question primordiale pour sa réputation. Les petits vignerons n’ont pas les mêmes problèmes. Il est vrai que tous les vignerons sont confrontés au problème des marchés gris, surtout lorsqu’ils ont des contrats d’exclusivité sur une zone géographique… ce qui est le cas de 90% des vignerons.

VinID : lire aussi l'étude de cas sur les NFC et le vin

Notre charte de confiance avec les distributeurs leur permet de valider les allocations, de bénéficier d’allocations supplémentaires.

Alexandre Mongrenier, Président Directeur Général de WID Group

Il s’agissait du troisième article du Chapitre 1 – Traçabilité. Dans le prochain article, j’expliquerai la technologie de suivi et de traçabilité (géolocalisation, humidité, température, vibrations). Le Champagne Philipponnat a envoyé une palette à un distributeur en Europe de l’Est. Le lendemain, elle a été transmise à…